Page 5 - Rapport silure Rhône 2016
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Introduction

1/CONTEXTE DE L’ETUDE

Lors de la réunion d’un groupe de travail silure au siège de la Fédération Nationale de la
Pêche en France (FNPF) le 23/02/2016, le manque de connaissances sur ce poisson a été identifié
comme point limitant pour répondre aux différentes problématiques de gestion actuellement
rencontrées sur une espèce toujours en expansion sur le territoire national. Une demande de
fourniture d’information spécifique a donc été formulée par la FNPF.

En particulier, aucune étude propre au fleuve Rhône n’a été réalisée, un bassin historique
d’introduction en France. Des données conséquentes ont pourtant été recueillies par un guide de
pêche spécialisé sur le silure du bassin du Rhône depuis les années 1980 et ce jusqu’en 2015 :
tailles, poids, contenus stomacaux et pour certains spécimens, des marquages et recaptures. Les
informations ont été collectées en nombre sur le Rhône et la Saône aux environs de Lyon, et le delta
du Rhône en particulier : plusieurs milliers de poissons sont concernés par ce travail étalé sur un
grand laps de temps, couvrant l’essentiel de sa phase de colonisation des milieux impliqués.

Compte tenu des enjeux sur une espèce atypique, de grande taille, en plein essor, à fort
potentiel halieutique mais aussi source d’interrogation et d’inquiétude pour de nombreux pêcheurs,
gestionnaires et décideurs, la valorisation et l’exploitation scientifique de ces données semblaient
pertinentes. L’objectif est de contribuer à éclairer les différents acteurs dans leurs choix de gestion, de
réglementation et de communication sur le silure. Sur proposition de la FDAAPPMA69, la FNPF a
soutenu le travail d’analyse des données produites par Jean-Claude Tanzilli ces trois dernières
décennies.

2/LES SILURES DU RHONE, UN PASSE MOUVEMENTE

Historiquement, le genre Silurus était présent dans le bassin du Rhône à la fin de l’époque
géologique du Miocène (-8 millions d’années), comme en attestent les fossiles découverts en Ardèche
sur le site de la montagne d’Andance dans le massif du Coiron, ancien lac d’origine volcanique (MEIN
et al., 1983). Des silures de plus d’1m de longueur sont répertoriés dans ce secteur du Rhône moyen,
localisé entre Valence et Montélimar. Ils représentent près de 8% des fossiles de poissons récoltés. Il
s’agit du prédateur dominant du site, accompagné par le brochet et l’anguille (RIOU B., 1995).
D’autres fossiles de silures (rayons osseux de nageoires pectorales) un peu plus récents auraient
également été trouvés sur le pourtour méditerranéen au sud de Perpignan (Serrat d’En Vaquer), datés
de -6 à -3 Ma (BRANA J.Y., RIGAUD G., 1997 in Schlumberger et al., 2000). Dans la vallée du
Danube, des spécimens datés de -5 à -7 Ma ont été signalés dans le gisement de vertébrés fossiles
de Götzendorf, en Autriche, se situant à environ 35 kilomètres au Sud-Est de Vienne.

La colonisation du bassin versant rhodanien et du pourtour méditerranéen par le silure doit
probablement avoir eu lieu au cours du Miocène, période relativement chaude, débutant il y a 23 Ma
avec le retrait progressif des mers recouvrant alors l’Europe. Ces mers restaient plus ou moins
présentes le long d’un sillon périalpin reliant la Méditerranée à la Mer Noire, à l’emplacement des
actuelles vallées du Rhône et du Danube (cf. figure 2). Ainsi, les faunes piscicoles de ces bassins
versants actuels ne formaient qu’une seule entité, bénéficiant de multiples échanges et
interconnexions avec le soulèvement du massif alpin.

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